PEN DUICK
N° de Voile
1536 C
Gréement
Cotre aurique
Architecte
William Fife
Constructeur
Gridiron & Workers
Concept
1897
Lancement
1898
Certificats de jauge
GUY TABARLY, LE PÈRE D'ERIC ACHÈTE PEN DUICK EN 1938 À LA FAMILLE LEBEC DE NANTES. C'EST L'ÉPOQUE EN FRANCE DE LA NAISSANCE DE LA PLAISANCE ET LES YACHTS SONT TRÈS PEU NOMBREUX.
A 41 ans, Fife est déjà l'un des plus grands architectes navals du moment. Son talent va engendrer bien d'autres bateaux. Il construit dans ses hangars de Fairlie, un village situé au sud de l'embouchure de la Clyde. Mais Yum, quant à lui, verra le jour au chantier Gridiron and Workers Carrigaloe, près de Cork en Irlande pour, son premier propriétaire Adolphus Fowler.
En rachetant Pen Duick à son père, Eric Tabarly en devient le quinzième propriétaire. Nous sommes en 1952 et il est âgé de 21 ans. A partir de cette date, il ne le quittera plus. Quand il suit les cours de Navale à Brest, la "mésange" mouille au pied de l'Ecole dans l'anse de Lanvéoc-Poulmic. A son retour du tour du monde à bord de la Jeanne d'Arc où Eric termine son apprentissage de marin de métier, son père vient à sa rencontre dans le goulet de Brest avec le fidèle Pen-Duick. Avec lui, il participe à ses premières courses du RORC dans les années 60. Entre les voyages accomplis autour du globe et les grandes courses, il vient se ressourcer à son bord.
Au fil des milles et des expériences, Tabarly peaufine Pen-Duick pour en faire le voilier unique que nous connaissons. La chirurgie lourde qui permit de sauver le bateau une première fois date de 1958. En plastifiant au chantier Costantini de la Trinité la coque pourrie, Tabarly devient propriétaire du plus grand bateau en polyester de l'époque. Cette opération sera volontairement un obstacle à son classement en tant que "monument historique", mais elle le sauvera de la destruction et rendra sa coque particulièrement solide et saine pour le restant de ses jours.
Courant les mers en course, Tabarly a laissé son bateau offert aux intempéries de trop longues années. Le pont en contreplaqué est totalement détruit ainsi que les superstructures. Vingt ans plus tard, une nouvelle intervention s'impose. En 1983, Pen-Duick est remorqué du Crouesty à St-Malo par Pen-Duick VI pour entrer au chantier de Raymond Labbé. Pendant six ans, en commençant par les aménagements, le chantier Labbé refait complètement le bateau en effectuant petit à petit les travaux adaptés à la bourse d'Eric. Pen-Duick reprend la mer en 1989 à l'occasion des Voiles de la Liberté, le rendez-vous des grands voiliers à Rouen. Basé à Bénodet, il continue de labourer la mer bleue de Bretagne sud. Dans les années 90, il goûte aux charmes des compétitions méditerranéennes en participant aux régates dorées de Monaco, Cannes et St-Tropez où il côtoie des bateaux issus de la même planche à dessin et qui fêtent comme lui son centenaire, ou presque ! Tous participent au renouveau de la belle plaisance.
En mai 98, pour son véritable centenaire célébré à Bénodet par une foule d'admirateurs et d'amis, Pen-Duick n'a jamais été aussi beau. " Il n'a jamais connu une peinture de coque aussi réussie" avoue Eric. A la manière d'une noce bretonne, l'anniversaire du premier et du dernier bateau d'Eric Tabarly va durer trois jours pleins. Huit yachts du début du siècle dessinés, comme Pen Duick, par l'architecte William Fife, font honneur à l'ancêtre. Point d'orgue de cette fête unique : la remontée de l'Odet dans un écrin de verdure orné au printemps de bouquets de rhododendrons rouge sang. Sous voile de cape et trinquette, Pen Duick entouré des siens effectue un bel aller et retour sur la rivière, salué sur son passage par la foule, et de loin en loin, par le son des cors de chasse faisant écho sur les rives. Une semaine plus tard, Eric a décidé de participer avec son bateau à la fête donnée en l'honneur de l'architecte Fife. Il appareille en direction de l'Ecosse. C'est sa dernière navigation. Malgré l'absence du maître, un équipage de fidèles a terminé le convoyage. Pen Duick est à Fairlie. En le voyant naviguer tout dessus parmi ses pairs, les observateurs émus n'ont d'yeux que pour son barreur.
Aujourd'hui
Propriété de la famille Tabarly, Pen Duick est confié à l'Association Eric Tabarly en 2002. Soigneusement désarmé, passant l'hiver sous un hangar à Lorient, il est mis à l'eau chaque printemps sous la houlette de l'Association Eric Tabarly qui l'entretient et organise ses navigations. En cours de saison, le bateau participe aux rassemblements de la " Belle Plaisance ". Il pousse parfois jusqu'en Méditerranée pour courir, avec les bateaux de sa race, les régates de Cannes et de Saint-Tropez.
En 2016, on constate après investigations que la coque réalisée en 1958 par Eric Tabarly pour sauver son bateau, est rongée par les années. Son vieillissement nécessite une rénovation complète.
Une association, dénommée Association Pen Duick, est créée. Elle devient propriétaire du bateau pour permettre le financement de ces travaux en 2019.
Pen Duick est classé "Monument Historique". Il est confié à l'Association Eric Tabarly qui l'entretient et le fait naviguer.
© Daniel Gilles